« Il m’a dit qu’il m’aimait. »

« Il m’a dit qu’il m’aimait. » Combien de millions de fois par jour dit-on ces mots à travers le monde ? Mais cette fois-là, au Québec, Canada il s’agit de bien autre chose. Mélanie, en prison pour une ‘longue peine’, parle de David, une personne trisomique, membre de L’Arche Joliette. Deux fois par mois, le mercredi, Mélanie se rend dans la communauté dans le cadre d’un programme de réhabilitation, et elle prépare le repas avec David.

 

 

Un mercredi soir, après son retour à la prison, quelqu’un a remarqué que Mélanie pleurait. « Qu’est-ce qui ne va pas ? » « Je pleure parce que, quand je suis partie aujourd’hui, David m’a pris dans ses bras, et il m’a dit qu’il m’aimait… et personne ne m’a dit ça depuis 14 ans… c’est pour ça que je pleure. »

C’est exactement le genre de projet dont Elisabeth Richard, la responsable de la communauté, rêvait depuis longtemps : « l’objectif est très simple : en prison, les femmes ont besoin d’une chance de donner quelque chose en retour à la société. Pourquoi ne pas créer des liens entre les prisonnières et les personnes accueillies de la communauté ? » Le directeur/La directrice de la prison s’est montré(e) enthousiaste dès le début et a proposé à Mélanie d’être pionnière du projet. « C’était extraordinaire de voir le changement qui s’est opéré en Mélanie : de timide et craintive qu’elle était, elle devenait confiante et pleine d’espoir. Le courant est passé entre elle et David. Il ne la juge pas. »

Il n’a pas fallu longtemps pour voir débarquer une équipe de TV Québécoise. Lorsque Mélanie a commencé à parler de sa vie, les larmes se sont mises à couler. David était à côté d’elle, en train de couper des pommes de terre. Il s’est tourné vers Mélanie en pleurs : « Après la tristesse, il y a la joie… » Et elle répondit doucement « Oui, je suis heureuse quand je suis avec toi. »

Bientôt, Mélanie va vivre dans une maison de transition à Montréal (Canada). Ça ne doit pas être facile de reprendre le cours de sa vie après 15 années en prison. Alors, comment ne pas perdre son tout nouvel espoir ? Elisabeth ajoute : « Mélanie veut faire du bénévolat à L’Arche Montréal, faire partie d’une communauté accueillante. Je ferai les présentations pour elle. L’Arche a vraiment fait une différence dans la vie de cette femme : nous lui avons permis de se réapproprier son droit à espérer. »

Peu de communautés de L’Arche sont en lien avec la prison locale, alors, pourquoi L’Arche Joliette ? « Nous sommes une jeune communauté, sans argent ! Ce que nous avons, c’est notre créativité et notre énergie, et cela nous pousse à sortir de notre zone de confort. »

Et l’année prochaine ? « Nous accueillerons une autre femme de la prison. Et nous avons aussi un autre projet en préparation – des personnes accueillies de la communauté iront animer un atelier peinture, musique ou cinéma… » À suivre !

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