Pleurer un ami…

Qu’est-ce qui réunit Calcutta et Londres ? Beaucoup de choses, probablement. Y compris la douleur et le chagrin au décès d’un ami proche. Bapi avait une déficience intellectuelle et vivait à L’Arche Asha Niketan Kolkata (Inde). Lorsqu’il est décédé, un de ses amis, ayant également un handicap, a dit : « Bapi parti. Moi triste. Beaucoup triste. Pourquoi tu pars ? » La vie ne sera plus jamais la même.

 

« Je suis triste dans ma tête. » dit Peter, une personne ayant une déficience intellectuelle, à des milliers de kilomètres de là à L’Arche Londres (au Royaume-Uni), en pleurant la mort de son amie Carol à l’enterrement. « Peter », dit Irene, volontaire de longue date et amie de Carol, « je pense que nous allons avoir de la peine pendant très longtemps. Parce que nous aimions beaucoup Carol et qu’elle nous manque. » 

Carol était un pilier de la communauté. Elle a accueilli des générations de nouveaux assistants à L’Arche, des voisins, des visiteurs … Elle tendait la main à tous ceux qu’elle rencontrait et leur demandait, « Comment t’appelles-tu ? » Elle se souvenait de chacun, mais aussi des proches et des animaux dont on lui parlait.

Après la cérémonie, la porte de la chambre de Carol est restée grande ouverte, pour que chacun puisse y entrer et passer autant de temps qu’il le souhaitait. Avant de rentrer chez elle, Irene a demandé à Peter s’il voulait aller dans la chambre de Carol. Il s’est immédiatement levé et a traversé le couloir. Dans la chambre, il est resté immobile pendant plusieurs minutes. Peter, triste dans sa tête, a regardé les photos de Carol et a dit : « J’envoie mes pensées à Jésus Christ. »

 

* Photo crédit : Irene Tuffrey-Wijne

 

De retour à Kolkata, les amis de Bapi honorent leur tradition ancestrale : « On a porté Bapi au ghât de crémation. On a offert son cœur au fleuve Gange. Ainsi, le cœur peut rejoindre Dieu. C’est ce que nous croyons, c’est notre foi… »

A travers les nombreuses cultures du monde, L’Arche répond à notre besoin humain commun de nous réunir pour partager notre deuil ; d’avoir un espace où rires et larmes sont les bienvenus… un espace pour les fleurs et les images… un lieu pour être… ensemble… pour vivre notre deuil ensemble. D’un bout du monde à l’autre, quelle que soit notre tradition ou notre culture, nous pleurons tous celui que nous avons aimé et perdu. Et une communauté peut offrir un espace pour se souvenir, honorer cette mémoire ensemble et porter la peine les uns des autres. 

Voilà ce qui réunit Kolkata et Londres.

 

* Un merci spécial à Irene Tuffrey-Wijne, qui nous a inspiré la rédaction de cet article.

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