Je m’appelle Monicah

«Je m’appelle Monicah, j’ai 40 ans, et toujours vécu avec mes parents. Quand j’étais jeune, on m’a amenée à l’école et j’ai beaucoup aimé jouer avec d’autres enfants. Je n’ai pas arrêté de jouer, même quand j’ai grandi et que les autres enfants ont commencé à se moquer de moi. J’ai compris qu’il était bizarre pour quelqu’un de 15 ans de se promener avec des jouets comme un bébé.

 

 

A un moment, j’ai arrêté d’aller à l’école, je ne me souviens plus quand parce qu’il y a certaines choses que je ne garde pas dans ma mémoire. En général, les détails de quand quelque chose a commencé et quand ça s’est terminé m’ennuient, et je préfère ne pas y penser parce que de toute façon, je ne vais pas m’en souvenir.

A la maison, j’entends des gens qui parlent à propos de personnes avec un handicap. Ce qui me vient à l’esprit est probablement… quelqu’un qui ne peut pas marcher…, pas voir…, pas entendre, quelqu’un qui n’est pas humain, quelque chose! Je n’ai jamais vu de personne comme ça et je ne comprends pas ce que les gens veulent dire. De toute façon, comme je vous l’ai déjà dit, je ne me préoccupe pas des choses qui sont trop compliquées à comprendre.

Cette fois, ils m’ont dit qu’ils voulaient écrire un livre sur les dons des personnes avec un handicap, alors ils m’ont demandé ce que j’ai à dire, mais comme je vous l’ait dit, je ne connais pas de telles personnes, alors je ne dis rien.

Je peux seulement vous parler des amis avec qui je travaille. Je les connais très bien. Ils ne sont jamais pressés de faire quoi que ce soit, alors le boulot est agréable. Parfois ils me racontent des histoires à propos de leur vie, et on rit très fort ensemble et des uns et des autres. Certains d’entre nous bégayent trop et on peut les écouter toute la journée sans comprendre un mot.

J’aime beaucoup mes amis, d’ailleurs je suis amoureux de l’un d’eux. Je crois qu’un jour je veux me marier et avoir des enfants comme ma mère et mon père. Je pense que nous enfants s’amuseront tellement qu’ils voudront rester à la maison et ne pas aller à l’école. Mais je sais que c’est important d’avoir une éducation. Comme je travaille, je vais pouvoir les amener à l’école.

Mais quelque chose demeure un mystère pour moi. Qui sont ces gens que l’on dit ‘handicapés’?»

Monicah Wangui

L’Arche Kenya

Ce texte est la préface du livre Beloved, transforming encounters, publié conjointement par L’Arche Kenya et St Martins communities.

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