La sècheresse : dans certains pays, cela veut dire qu’on ne peut pas laver sa voiture ou arroser son jardin. En Côte d’Ivoire, en revanche, c’est bien plus basique que ça : « combien de temps va durer l’eau qu’il nous reste ? » Plusieurs mois sans pluie, et cela devient très vite une question de survie : « combien de temps va durer l’eau qu’il nous reste ? » c’était bien la question pressante que tout le monde se posait à L’Arche Bouaké en avril 2018. Surtout que de plus en plus de voisins venaient à L’Arche pour chercher de l’eau, parce que leurs propres réserves étaient épuisées.

Koffi Gnagoran, responsable de la communauté, se faisait du souci pour les membres de L’Arche : « combien de temps va durer l’eau qu’il nous reste ? » La réponse n’était pas évidente. Et c’est Ekrou Kouamé Michel, une personne en situation de handicap, qui a montré la voie à suivre. 

Koffi nous raconte : « Kouamé s’exprime avec peu de mots, mais il sait se faire comprendre, surtout avec ses regards. Un jour, alors qu’on se faisait de plus en plus de souci pour savoir s’il y aurait assez d’eau pour nous, Kouamé a fait un signe en direction de la maternité locale, à Ahougnansou : on a pris conscience qu’il se faisait du souci pour les mamans et les nouveau-nés. Il voulait savoir comment elles se débrouillaient là-bas. Nous n’avions pas la réponse, mais nous sommes allés poser la question. L’infirmière en chef nous a dit que leur approvisionnement s’amenuisait. Alors nous avons rempli quatre gros bidons de 200 gallons et nous les avons portés là-bas. La joie des infirmières quand elles nous ont vus arriver ! Mais rien de comparable au sourire de Kouamé. 

Ce jour-là, Kouamé nous a appris une leçon : il veut que tout le monde dans le quartier survive, pas juste nous. Pas juste ceux qui peuvent venir jusqu’à nous et remplir leurs bidons. Tout le monde. La leçon que Kouamé nous donne, c’est qu’il n’y a pas de vraie survie sans solidarité. Sans la solidarité, nous sommes perdus. »