‘‘C’était complètement différent de ce qu’on pensait – mais c’était mieux comme ça,’’ voilà comment Dominik Karolak décrit les trois années qu’il a passées avec sa famille à L’Arche Nyahururu au Kenya, pour proposer un soutien d’une qualité que seule une expérience solide dans d’autres communautés peut fournir. Sa femme, Agnieszka, qui a l’expérience de la responsabilité en Belgique, en Pologne et au Royaume Uni, confirme : ‘‘arrivant du Royaume Uni, nous avions le désir d’aller là-bas pour apprendre, et si nous pouvions partager notre propre expérience, alors tant mieux. Mais une fois arrivés, nous nous sommes rendu compte que se tenir en retrait n’était pas si facile que ça. C’est seulement en allant à L’Arche Nyahururu que nous avons compris à quel point nous sommes façonnés par notre propre culture : par exemple, même après bien des années à L’Arche, à quel point nous sommes encore orientés sur les tâches à effectuer et non sur les relations. Nous avions beaucoup à apprendre…’’

Et à enseigner. Le rôle d’Agnieszka, en plus d’être responsable du tout nouveau foyer, était d’être responsable déléguée, en soutien pour Maurice, le nouveau responsable de communauté, pendant que l’atelier qui venait d’ouvrir pouvait tirer profit de l’expérience de Dominik. Sans oublier la petite Sarah, qui avait alors à peine deux ans, dont le rôle était simplement de se faire beaucoup d’amis !

Mais pour enseigner il faut une confiance mutuelle, et la confiance demande du temps, ‘‘surtout étant donné l’héritage sombre et complexe du colonialisme : cela avait un impact sur nous tous.’’ Dominik raconte : ‘‘si nous étions restés seulement un an à Nyahururu, cela aurait été une perte de temps pour nous et pour la communauté, car c’est seulement après la première année qu’on a vraiment bien commencé à travailler ensemble !’’ Heureusement, dans cette période d’adaptation, ils ont toujours pu se tourner vers le Père Gabriel, le prêtre italien que son long engagement dans la Société de Saint Martin a conduit à inviter L’Arche à Nyahururu. ‘‘Je ne peux pas imaginer comment nous aurions pu tenir sans lui’’ continue Agnieszka, ‘‘il était comme un pont culturel pour nous, pour nous faire comprendre vraiment les coutumes locales : comment fonctionnent les réunions par exemple, ce qui est différent de ce à quoi nous étions habitués.’’ Le tournant important fut le pèlerinage qu’Agnieszka et Dominik ont organisé pour la communauté. ‘‘Cela a ouvert une nouvelle page dans notre relation, nous avons commencé à approfondir notre relation d’amitié et de confiance.’’

Dominik et Agnieszka sont maintenant de retour à L’Arche Brecon, au Royaume Uni, après trois années complètes au Kenya. La géographie et le climat peuvent être différents, mais pas leur sens de la mission : ‘‘Pour nous, ces trois années ont été plus qu’une expérience transitoire – notre relation avec Nyahururu continue d’être porteuse de vie, et qui sait, cela peut mener à un jumelage entre les deux communautés…’’

Un dernier mot? ‘‘C’est très important d’avoir une communauté qui vous envoie, un lieu qui soit ‘chez vous’ ; nous sommes revenus à Brecon avec un sentiment plus fort d’appartenance à la famille de L’Arche.’’